Bâtiment
A. Chambre 322. Troisième étage.
Abdoullaye Diakité, lui, ne part pas travailler. Il est en arrêt
maladie. Il a du mal à marcher. Il souffre du genou et d’une
épaule. Comme il a presque soixante cinq ans, il espère qu’on
va le mettre en incapacité et qu’il pourra prendre sa retraite.
Cela fait plus de trente ans qu’il a quitté Kayes, au Mali.
Histoire commune à beaucoup. Pas de quoi gagner sa vie au pays. Du
maïs, du mil, des cacahuètes, mais si peu d’eau pour arroser.
On lui parle d’un travail possible près de Beauvais. Entreprise
Cicler (aujourd’hui Rieter), aux Fontainettes, La-chapelle-aux-pots.
Il est embauché en intérim. Foyer sur place. Que des africains.
Il y reste un an et demi. Contrat terminé. Pendant quelques mois
il pose des tuyaux pour un sous-traitant des PTT. Il trouve finalement une
place à la Société Picarde de Construction, bâtiment
et travaux publics, il a toujours considéré que c’était
son véritable métier.
Il s’installe au foyer à Beauvais. 1980-2005. Toujours la même
chambre. Toujours la même entreprise. D’abord manœuvre.
Puis O.S. Maintenant qu’il ne travaille plus, Abdoullaye s’ennuie.
Tourne en rond. Il n’a pas vraiment d’amis, au foyer. C’est
seulement bonjour bonsoir...